Voici pourquoi j’ai isolé
la traduction de cette partie de l’Auraicept.
D’une part, l’auraicept
contenu dans le manuscrit « Book of
Ballymote » contient trois versions attribuées à des auteurs et qui se
répètent plus ou moins. Ce sont le « livre de Ferchertne », le
« livre de Amairgein Glungeal », et le « livre de Fenius
Farsaidh ». Il se trouve que le livre de Fenius contient aussi, en
passant, un « livre des Ogam » qui éclaire beaucoup ce qui a été
écrit dans maints ouvrages sur le sujet.
Celui de Fenius Farsaid, présenté ci-dessous, est noyé dans les considérations grammaticales de l’Auraicept. Il est donc moins célèbre mais me semble au moins tout aussi important que les deux autres.
Celui de Ferchertne décrit plutôt la façon dont les lettres sont écrites dans un style très imagé. (aller à l'Ogam de Ferchertne)
D’autre part, le « Ogham tract », un autre texte du « Book of Ballymote », contient deux présentations spécifiques de l’Ogam, « l’Ogam de Ogma » et « l’Ogam de Morann Mac Main ». (aller à l'Ogam tract)
[Le
texte directement traduit de Calder est en fonte Courrier New
et mes commentaires sont en Times New Roman et entre crochets.]
[Dans
la suite, je ne traduirai pas les ‘ut
dicitur’ (‘ainsi dit-on’ en Latin)]
[ici commence le texte]
Ceci est le commencement de ce livre selon Fenius, et selon Iar mac Nema, et Gael, fils de Ether. Voilà ses personnes; et pour sa période, à savoir, quand tous les enfants d’Israël quittèrent l’Egypte. Il fut inventé en Dacie, bien que d’autres disent que ce fut dans la plaine de Shinar. La raison pour l’écrire, parce qu’il fut demandé par la grande école à Fenius, Iar, et Gaedel fils de Ether qu’il soit sélectionné pour eux comme leur “Livre des débutants” après qu’il ait été donné par Moïse et appris de lui par Cae Cainbreathach;
…
Fenius Farsaidh est celui qui a découvert ces quatre alphabets, à savoir, l’Hébreu, le Grec, et le Latin, et le Beithe Luis Nin de l’Ogam, et c’est pour cela que le dernier, à savoir, le Beithe est plus exact car il a été découvert en dernier. Dans l’école, il y avait vingt-cinq personnes plus nobles parmi les autres et ce sont leurs noms qui forment, dans le Beithe Luis Nin, les noms des voyelles et aussi des consonnes:
Et il y en avait sept qui étaient les plus nobles parmi eux,
c’est d’après eux que les sept principales voyelles de l’Ogam ont été nommées, et c’est pour cela qu’elles ont été
placées à part:
D’autres disent que les dix principales voyelles sont
incluses et voici leurs noms
Et celles-là sont les trois qui augmentent les sept citées
ci-dessus, à savoir, ,
si bien que par cela leurs voyelles et leurs consonnes ont été mises à part, et
ceux-ci sont les noms qui sont donc sur elles [et nous venons de donner leurs noms].
*** Du fait de la difficulté de bien
rendre ce texte ambigu car il donne de nombreux mots ‘équivalents’ mais de sens
différent en fait, je vais en détailler un peu la traduction. ***
[Traduction de Calder en Anglais]
Others, however, say that it is not from men at all that the Ogham vowels are named in Gaelic but from trees, though some of these trees are not known to-day. For there are four classes of trees, to wit, chieftain trees, peasant trees, herb trees, and shrub trees; and it is from these four that the Ogham vowels are named. Chieftain trees, quidem, to wit, oak, hazel, holly, apple, ash, yew, fir. Peasant trees, to wit, alder, willow, birch, elm, white thorn, aspen, mountain-ash. The shrub trees here, to wit, black-thorn, elder, spindle-tree, test-tree, honeysuckle, bird-cherry, white-hazel. Herb trees, to wit, furze, heather, broom, bog-myrtle, lecla, to wit, rushes, etc.
[Traduction de Calder en Français]
D’autres, cependant, disent que ce n’est pas du tout à partir d’humains que les voyelles de l’Ogham sont nommées, mais à partir des arbres, bien que certains de ces arbres ne soient plus connus de nos jours. Car il y a quatre classes d’arbres, nommément, les arbres chefs de clan, les arbres paysans, les arbres en herbe, et les arbres en buissons ; et c’est de ces quatre là que les voyelles de l’Ogham sont nommées. Les arbres chefs de clan, quidem, à savoir le chêne, le noisetier, le houx, le pommier, le frêne, l’if, le pin. Les arbres paysans, à savoir, l’aulne, le saule, le bouleau, l’orme, l’aubépine, le tremble, le sorbier des oiseleurs. Les arbres en buisson, à savoir, le prunellier, le sureau, le fusain, l’arbre test [ou ‘arbre vrai’. L’ogam d’Ogma suggèrera qu’il s’agit de l’aubépine.], le chèvrefeuille [je suppose : le chèvrefeuille buisson], le griottier, le noisetier ‘blanc’ [?, il existe de nombreuses légendes relatives à ce noisetier blanc, qui doit logiquement différer du noisetier ordinaire. Cependant, j’ai été incapable de trouver une information précise au sujet d’un tel arbre dans les îles britanniques]. Les arbres herbe, à savoir, les ajoncs, la bruyère, le genêt, le galé odorant, lecla, à savoir, les joncs etc.
[Original Irlandais partiellement traduit et commenté par YK]
Asberat immorro araile co nach o dhainibh [duine = un humain ; la terminaison en
‘ib’ marque le datif pluriel : ó dhainibh = depuis (par) les humains] itir ainmnighter fedha [cf. fedach = les
branches ; mais l’auraicept définit ce qu’il entend
par ‘fedha’ à la ligne 395: « Fedha : fidh
immorro » (Les
fedha semblables à l’arbre)
que Calder a traduit par les « voyelles du bois » (cf. la traduction
ci-dessus au début du Manuel).
Dans la suite, quand il
rencontre le mot
‘fedha’, Calder le traduit
abusivement par ‘arbre’ ou ‘bois’. Je ne suivrai pas Calder sur ce plan, et je
traduirai par ‘lettre-arbre’ en inventant un mot, tout comme le fait
l’Auraicept (le
mot ‘fedha’ n’existe pas ailleurs en Vieil ou Moyen Irlandais)] inn n-ogaim isin Gaedhelg acht o chrandaibh gen gu haichinter
anniu araile crand dibh. Air atat ceithri [quatre] hernaile [ernail = part, division] for crandaib [crann ou crand
= arbre, bois (matière), bûchette pour les tirages au sort. Ici, encore un datif
pluriel] -i- [c'est-à-dire]
airigh [aire = ‘qui a de la valeur’, ‘homme libre’,
chef ; airech = ‘celui qui est à
l’avant’] fedha [‘lettre-arbre’]
7 [et] athaigfedha [aithech ou aithig
= paysan, salarié (DIL) ou encore = maître de maison (Vendryes); mais aussi : athaig = espace] 7 lossa fedha [les lettre-arbres de l’herbe ; lus = herbe, génitif losa] 7 fodhla fedha [Calder traduit fodhla par buisson, arbuste, et dans son
glossaire le relie à ‘feda’, mais je
n’ai pas pu mettre en évidence une telle filiation dans les autres
dictionnaires. Les seules pistes sont 1. déjà été signalée, fedach, branche et 2. fodelg, petite épine. fodhla fedha seraient les lettre-arbres aux petites
épines ? ]; 7 is uaithibh sin a
ceathrur ainmnighter fedha in oghaim.
Airigh
fedha [les lettre-arbres nobles] quidem -i- dur [dair ou daur
ou daire ou doire : le chêne, le bosquet de chênes, un bosquet très dense], coll [noisetier,
9ème lettre ; destruction , violation ; le cou], cuileand [cuilenn ou cuilend
le houx. cuilendae : fait de
houx], abhull [aball : pommier ; ubull : pomme], uindsiu [uinnius = le frêne ; dans le texte (vers 648,
705) unnsi ou uindsi = le
genre féminin], ibur [ibar = l’if, le bois d’if, le texte donne aussi : ibor], gius [giús = pin, sapin]. Athaig fedha [Les lettres-arbre paysannes] -i- fern [l’aulne, mais aussi (en poésie) un homme ; aussi : bon], sail [le saule, la 4ème
lettre ; mais
aussi : une poutre], bethi [beithe ou beith = le
bouleau ; notez l’orthographe particulière ici : betha signifie : la vie, la durée de la vie], lemh [lem = orme ; mais aussi :
faible, impuissant, sans valeur],
sce [scé = buisson d’épines, aubépine], crithach [crith = tremblement, crithach = le peuplier tremble], caerthand [cáer = baie, balle ; cáerthann = sorbier]. Fodla fedha [Hypothèse personnelle: les ‘lettres-buisson épineux’, de fodelg = une petite épine] andso [maintenant] -i- draighen [le prunellier],
trom [le sureau ; mais aussi :
lourd, pénible], feorus [feorus = une plante, vraisemblablement le
fusain. Ce
mot désigne aussi, dans d’autres textes, soit le roseau aromatique ou lys des marais soit la plante
fournissant le papyrus (cyperus)], crand fir [arbre véridique], fedlend
[féithleóg = chèvrefeuille
grimpant ou une vigne américaine; racine : féith = un tendon,
une fibre, une veine (minérale)],
fidhat [fidot = peuplier tremble], finncholl [fín = vigne ; finn ou find= blanc; coll = noisetier; le mot finncoll (ou
findcholl) n’existe pas ailleurs
que dans l’auraicept]. Lossa fedha [Lettres-arbre de l’herbe] -i- aitean [Calder traduit par ‘ajoncs’. Il lit sans
doute : aitten = genêt épineux
(Vendryes), furze (ajoncs), gorse
(ajoncs) (DIL) sans doute lié à la racine áith = tranchant, aigu. Macbain
donne : aitenn = genévrier.], fraech [fráech = bruyère ; mais aussi furie], gilcach [roseau, jonc, genêt], raid [raideóg = nom d’une plante. Vraisemblablement, la myrte des marais, appelée plutôt, en
Français, galé odorant ou ‘bois-sent-bon’], lecla [une plante] -i- luachair [lúachair = les ajoncs; mais aussi: l’éclat (brillant)] 7rl [etc.].
*** Retour à une
traduction presque ‘normale’ où les commentaires sont incorporés à la
traduction***
Maintenant, beithe a été nommé d’après le bouleau du fait de sa ressemblance au tronc du bouleau, ut dicitur:
[Original irlandais]
Feocos foltchain in beithi,
[Traduction de Calder …
Of withered trunk fairhaired the birch,
…
c'est-à-dire :
Le
bouleau au tronc flétri et à la chevelure florissante,]
et c’est ainsi que furent écrites sur le bouleau les
premières inscriptions des Ogham apportées en Irlande, à savoir, sept bouleaux
furent apportés à Lugh fils de Ethleann, à savoir, ta femme te sera enlevée [sic in Calder: “thy wife”, ce qui semble
sans rapport avec le reste du texte. L’explication nous est fournie au début du
texte : ‘Ogam de Ogma’, voir plus loin. Notez cependant que la phrase
irlandaise est ambiguë. On pouurait aussi
traduire par: “ta haute
charge s’écroulera”. Irlandais: berthair
(que je lis : bert air) = charge haute,
quoique ‘air’ soit normalement un préfixe) do
bean uait (Calder
lit visiblement bean comme
ben où
ben désigne un être féminin – On peut aussi lire ‘do ben’ qui prend le sens de ‘enlever’, ‘tomber’ d’où do-beanuait = il tombe ; cf. le glossaire de
Calder : do-benaim
‘je détruis’] nisi eam custodieris, à savoir, si tu ne
la surveilles pas. C’est à cause de cela que la lettre b est encore écrite au début de l’alphabet Ogam. Alors, quant à luis,
il est nommé à partir d’un arbre, à savoir, le sorbier des oiseleurs, c. à d.,
parce que luis est le nom du sorbier
des oiseleurs en Gaélique ancien, ut
dicitur: Délice de l’oeil est le sorbier des oiseleurs, c. à d., le ‘rowan’
[rowan ou mountain-ash
sont les deux noms en Anglais du sorbier des oiseleurs], du fait de la
beauté de ses baies. Fern, aulne,
encore, est nommé à partir d’un arbre, ut
dicitur: L’avant-garde de
Muin [partie supérieure du dos ou la lettre ‘m’, la vigne], encore, c. à d., une tige de vigne [Eng. : “vine-tree”] [finemhain ; fíne = vigne ; maín = don, trésor ou bien muin = la vigne], ut dicitur: La plus belle est muin, c. à d., parce qu’elle croît en hauteur, c. à d., une tige de vigne (“vine-tree”). Gort, encore, c. à d., le lierre:
[Original irlandais]
Glaisiu geltaibh gort
[Traduction de Calder …
Greener than pastures is ivy
… c'est-à-dire :
Plus
vert que les pâturages est le lierre]
Ngetal [getal = genêt, et lettre ‘ng’ d’où l’écriture ngetal], encore, c. à d., genêt ou fougère, ut dicitur: la force d’un médecin [« luth lega », lúth = force ou allud = renom ; líaig = médecin, celui qui réconforte] est getal, à savoir, genêt or fougère. Straiph,[straif = une plante servant en teinture ou la lettre st (ou sd) de l’Ogam] encore, c. à d., « draighen » [= le prunellier, l’Auraicept est le seul à fournir cette précision qui fait un lien entre la lettre ‘st’ et le prunellier], ut dicitur: la haie [le long d’un ?] d’un ruisseau est sraibh [= le soufre ou idem à straif], c. à d., le prunellier. Ruis [lettre ‘r’ de l’Ogam, sureau], encore, c. à d., trom [le sureau], ut dicitur: La rougeur de la honte [ruice = stupidité, honte. Le fruit du sureau noir est évidemment noir. Il existe aussi un sureau (‘des montagnes’) aux fruits rouges qui est aussi comestible] est ruis, c. à d., trom [le sureau]. Ailm [lettre ‘a’ et le pin], encore, c. à d., giuis [giús = pin, sapin], à savoir, ochtach un pin [ou sapin]. Onn [1. le pin, 2. lettre ‘o’ de l’Ogam], c. à d., aiten (ajoncs ou genêt épineux). Ur [úr : 1. neuf (en bon état), 2. lettre ‘u’ de l’Ogam et la bruyère, 3. le fait d’être bien en chair, 4. le mal, 5. le début. Finalement : úr, úir = terre (matière)], c. à d., fraech [la bruyère ou la fureur]. Edhadh [edad : lettre ‘e’ de l’Ogam], c. à d., ed uath, horrible peine [ou frayeur], à savoir, crand giuis -i- ochtach [arbre véridique ou tremble]. Ido [idad : lettre ‘i’ de l’Ogam et nom d’un arbre], c. à d., ibhar [ibar = l’if]. Ebhadh [lettre ‘ea’ ou ‘ae’ de l’Ogam et le tremble], c. à d., crithach [le tremble]. Oir [lettre ‘oi’ de l’Ogam et le lierre ou le fusain], c. à d., feorus no edind [fusain ou edad, lierre]. Uilleand [uillenn = lettre ‘ui’ de l’Ogam et le chèvrefeuille], c. à d., edleand [edlenn = chèvrefeuille]. Iphin [lettre ‘io’ de l’Ogam et groseiller à maquereau], c. à d. spinan no ispin [groseillier à maquereau ou épine], etc.
Tous ces noms d’arbres sont
trouvés dans le livre des Arbres des Ogham [Irlandais: Duilibh
Fedha inn ogaim. Ce texte : DE
DUILIB FEDA a été édité mais non traduit par Calder] et ne dérivent pas de noms
d’hommes, ut alii dicunt [comme d’autres l’ont dit].